LE DORAT, tome III
Un volume de 142 pages, illustré en noir et en couleurs, avec index alphabétique des conjoints.
par Pascal DURANDARD, AGL, 2014.
Familles BUTAUD, CAMUS, CHAMPIGNY, DENOUIS, DEROCHE, DESCOUTURES, MAURAT, POTARD, RIVAUD.
Le Dorat se présente aisément sous l’aspect d’une cité sainte, avec sa collégiale imposante et (presque) millénaire et ses couvents. Elle peut tout aussi bien prétendre au titre de cité savante, car elle a connu au Moyen-Age le lustre d’une école monastique renommée et, du Grand siècle au siècle des Lumières, les religieuses bénédictines ont dispensé aux jeunes filles qui en avaient les moyens un enseignement de qualité. Enfin, le séminaire et les divers collèges qui se sont succédé au cours du XIXe siècle n’ont pas démérité de leurs devanciers. Cette importante dimension éducative et culturelle est inscrite dans l’histoire de la ville, et la figure de saint Israël, dont on fête le millénaire en cette année 2014, éclaire cette longue tradition. En mémoire et en hommage à l’action de ce remarquable pédagogue, une notice sur l’école au Dorat ouvre le présent volume.
Le Dorat est aussi un centre urbain qui s’est développé sous la protection de son chapitre, avec l’assentiment du comte de la Marche. Sa vocation économique est ici encore affirmée. Le présent volume offre toujours le même mélange de familles importantes au plan social et d’autres de condition plus modeste. Les Maurat et les Butaud représentent la première catégorie, encore que leur histoire soit assez différente. Les Maurat sont apparemment des Dorachons de toujours, du moins ils sont attestés dès la première moitié du XVIe siècle. Marchands à l’origine, ils sont assez rapidement parvenus à la bourgeoisie de robe, avec des hommes de loi et des officiers de justice, mais aussi des apothicaires. Une de leurs branches s’établira en Poitou au XVIIIe siècle, tandis qu’une autre figurera plutôt brillamment en Haute-Vienne au siècle suivant. Quant aux Butaud, leur origine est à chercher du côté de la Creuse, et ils ne sont au début du XVIIe siècle que de petits officiers de justice. Plusieurs d’entre eux s’orientent ensuite vers l’art médical, d’autres deviennent des marchands avisés. Au XVIIIe siècle, certains accèdent à la bourgeoisie avec des charges judiciaires plus ou moins importantes. La branche de Montmorillon figurera même grandement. Une branche connaîtra au contraire une forte régression sociale, avec de très modestes artisans.
Les sept autres familles appartiennent toutes au monde des « marchands », avec toute l’étendue des nuances que l’appellation suppose : certains plus proches ou tentant de s’approcher de la bourgeoisie, comme les Descoutures ou les Denouis, d’autres glissant vers la « classe ouvrière » comme les Potard. Par la diversité des professions et des métiers qu’ils exercent, ils forment comme un condensé des besoins d’une petite ville, ils sont les reflets d’une population urbaine industrieuse. Les Denouis donneront une courte lignée de cordonniers, les Deroche des voituriers, les Descoutures des marchands tanneurs, les Champigny un boucher et un chapelier. D’abord sargetiers, les Camus seront ensuite chirurgiens ou apothicaires. Offrant un exemple remarquable de continuité, les Rivaud sont une véritable dynastie de serruriers. Quant aux Potard, ils se singularisent par leur absence de continuité professionnelle : les premiers connus sont merciers, mais plus tard ils exerceront les métiers les plus divers, chapeliers, maréchaux, maçons, cabaretiers, charpentiers, ou cordonniers. Enfin, il faut bien signaler la fonction très particulière de chevecier de la collégiale assumée par les Champigny et héritée des de Chainquioux (étudiés dans le tome IV).
Cette diversité sociale se double d’une grande diversité dans l’origine de ces familles. Les Rivaud sont de Bellac, une des plus anciennes familles de cette ville, et l’une de leurs branches s’est établie au Dorat à la fin du XVIIe siècle. On ne connaît pas précisément le berceau des Denouis ou des Deroche, mais il est évident qu’ils sont limousins, alors que les Potard et les Champigny ne le sont pas. Avant de se fixer au Dorat et après avoir transité par Adriers, ces derniers demeuraient dans le sud de la Touraine. Quant aux Potard, il sont sans doute venus de plus loin encore, et d’une région située au nord du Limousin, sans qu’on sache précisément laquelle : Touraine, Anjou ?